Le
divorce dans les traditions chinoise et juive
JP Derrida
Dans
la tradition chinoise, selon le livre des Rites , un homme ne pouvait divorcer de
sa femme que dans 7 cas :
-si
elle désobéissait à ses beaux-parents ou leur manquait de respect,
-si
elle n’avait pas eu de fils,
-si
elle commettait un adultère,
-si
elle était jalouse empêchant que son mari ait une concubine,
-si
elle volait,
-si
était trop bavarde rompant l’harmonie familiale,
-enfin si elle était atteinte d’ une maladie
incurable .
Il
ne pouvait cependant plus la renvoyer
dans 3 cas :
-
-si sa femme avait déjà pris le deuil
de 3 ans pour ses beaux-parents
-
-s’il était pauvre au moment du mariage et était devenu riche ,
- -si la femme n’avait plus de parent capable de la recueillir.
Pour concrétiser le divorce, l’homme
devait remettre à sa femme une lettre de divorce .
Le mariage était une affaire familiale .
Le choix était fait par les parents et
la vie conjugale était un devoir social . L’amour-passion paraissait trop
éphémère et trop dangereux pour une institution aussi fondamentale que la
famille. On se mariait pour s'assurer une descendance et la pérennité du culte des
ancêtres.
Dans la tradition
juive le mariage peut être dissous par le divorce. L’homme, ne pouvait exiger
le divorce que dans 4 cas :
-
-si des défauts ou des
infirmités graves, préexistants au mariage et inconnus de lui à ce moment-là,
affectaient sa femme,
- - si une maladie
survenue pendant le mariage compromettait la vie conjugale ou mettait en danger
la vie de l’époux,
-
-si durant dix ans de vie commune le couple
n’avait pas eu d’enfants,
-
-si la femme se comportait sciemment de manière
à nuire à son mari.
La Michna (Gittin
9,10) expose à propos de ce sujet des
opinions très différentes :
-selon l’école de Chammaï
, seul un adultère commis par l’épouse constituait un motif de divorce ,
- selon l’école de
Hillel , un homme pouvait répudier sa femme si elle avait laissé brûler son
repas
-enfin, Rabbi Aquiba
pensait que le divorce était justifié si l’homme avait trouvé une femme plus
belle que son épouse.
La femme, de son côté, avait le droit,
même si cette éventualité était beaucoup plus rare, de demander le divorce, et
d’obtenir l’assentiment du tribunal rabbinique dans certains cas:
-une
maladie contagieuse et/ou répugnante de son mari,
-un mari impotent ou stérile,
-le
refus du mari de subvenir à ses besoins,
-le
refus de lui accorder son devoir conjugal,
-la violence physique ou verbale destinée à lui faire
enfreindre des préceptes religieux,
-un mari qui dégage une odeur
nauséabonde, liée en particulier à certains métiers,
-un mari qui part s’établir à l’étranger
contre la volonté de la femme,
-un
mari qui apostasie.
Le divorce pouvait donc être initié
soit par l’homme, soit par la femme mais le document du guet, était écrit et signé
exclusivement par le mari et devait être reçu par la femme pour que le divorce soit effectif.
Ce
document du guet ressemble étrangement à la lettre de divorce dans le rite
chinois. L’époux rendait ainsi sa
liberté à son épouse lui permettant de refaire sa vie. Sans ce guet , tout
enfant né d’une union avec un autre homme serait exclu de la communauté et
aurait le statut peu enviable de mamzer.
Si la
femme était frappée d’un handicap mental ou n’était plus en mesure de veiller
sur elle-même, son mari ne pouvait divorcer, car elle était considérée comme
n’ayant pas la capacité de recevoir le
guet.