mercredi 21 décembre 2016

La piété filiale 孝敬

La piété filiale   孝敬

Dans la tradition chinoise ,le Xiaojing 孝敬 est le classique de la piété filiale et se présente comme une conversation entre Zeng Zi et Confucius . Il est écrit que " les délits prévus par le code des 5 châtiments sont au nombre de 3000 mais  que la faute la plus grave, est de manquer de piété filiale"
Dans un paragraphe des Entretiens, le gouverneur She dit à Confucius : « Chez nous, il y a un homme d’une droiture inflexible ; son père a volé un mouton et il l’a dénoncé .»  Confucius lui répondit : « Chez nous , nous avons une autre conception de la droiture :  le père protège son fils et le fils protège son père. Voilà notre façon d’être droits » (EC 13,18) . La piété filiale l’emporte sur le principe général .

Dans  la tradition juive il est écrit: « Ne contredis pas tes parents que leurs propos soient justes ou erronés. Ne t'assois pas à leur place ni en leur présence ni en leur absence. Accomplis leur désir. Écoute leurs remontrances et garde toi de les offenser. Livre  toi s'il le faut à un travail servile afin de pourvoir à leur entretien. Ne te permets  pas de témoigner contre eux et accepte volontiers leur témoignage contre toi. »
« Des 10 commandements que je t'ai prescrit c'est-à-dire la reconnaissance de ma divinité, la défense d'adorer les idoles, de faire un parjure, de profaner le jour du chabbat, de tuer, de commettre l'adultère, de porter un faux témoignage, de convoiter le bien d'autrui, de ses 10 commandements celui de la piété filiale est le plus important »
La faute la plus grave dans les 2 traditions chinoise et juive est de manquer de piété filiale .

dimanche 11 décembre 2016

L'Algérie 1937


 En 1956, je reçus, lors de la distribution des prix, un livre de  Clément Alzonne édité en 1937 par Fernand Nathan et intitulé l’Algérie.
Dans l’introduction on retrouvait certains clichés :                  « l’Algérie, fille aînée de la France » et un peu plus loin « les habitants indigènes, dont la mentalité intime nous est encore si étrangère, quoique leur attachement à notre pays ne puisse être mis en doute, ajoutent encore au charme de cette terre de transition entre la métropole et notre domaine colonial tropical ». « La France depuis 100 ans s’est attachée à faire de cette province la plus belle de son empire. »
Il y eut une révolte en Kabylie  en 1871, peut-être favorisée par la perte de prestige de la France après la défaite de 1870. Sous le commandement de Mokrani 150 000 kabyles prirent les armes. L’armée française parvint à venir à bout de l’insurrection et l’auteur insiste sur le fait que ce fut « le dernier sursaut d’indépendance. La tranquillité n’a depuis plus cessé de régner dans l’Algérie proprement dite. »
Le centenaire de l’Algérie est brillamment et dignement célébré à la gloire de la colonisation.
Pourtant dès cette époque certains anticipent les problèmes futurs. « Des efforts ont été faits pour assimiler les indigènes. Notre empire africain a été doté de routes, de chemins de fer, de tramways, de bureaux de poste et de télégraphes ; on a répandu de nouvelles cultures et de nouvelles méthodes agricoles, établi des hôpitaux ou des dispensaires. Les indigènes sont-ils plus près de nous qu’au début de la conquête et peut-on dire qu’ils se considèrent comme les fidèles sujets de la France et à jamais ? » «  Il serait fou de croire que les populations musulmanes se sont assimilées ou simplement rapprochées de nous et qu’il y a entre elles et nous, intelligence, estime, amitié, seuls liens durables. »
« L’ œuvre d’assimilation de 6 millions d’Algériens sera plus longue que ne le fut la conquête. Mais la France ne serait pas la France si elle ne désirait pas avant tout faire de l’Algérie une province française. »
La tranquillité totale rétablie en Algérie depuis 1871, évoquée en 1937 par  l’auteur, a été troublée par quelques soulèvements comme les  émeutes  antijuives de Constantine d’Août 1934, véritable pogrom ,où périrent 25 juifs et 3 musulmans.  Quelques années plus tard ,les émeutes nationalistes de Sétif en mai 45 firent une centaine de victimes européennes et plus de 5000 victimes musulmanes.
En 1830 le chef du Foreign Office avait dit à l’ambassadeur de France : « je vous félicite pour l’heureux débarquement de l’armée française a Sidi-Ferruch, mais je vous féliciterai bien plus cordialement à son retour »
Le livre se termine par ces mots : « Ces félicitations n’ont jamais été présentées à la France par l’Angleterre ; l’armée française n’est jamais revenue. Pour qu’elle revienne un jour et qu’il n’y ait plus d’Algérie française ,il faudrait qu’il n’y eût pas plus de France ! »
En 1962 , un quart de siècle après  la parution de ce livre, la France mit fin, après huit ans de guerre, à 130 ans de présence en Algérie et l’armée française réembarqua.

La Césarienne depuis l'antiquité


Histoire de la Césarienne     JP Derrida


La Césarienne est une intervention pratiquée depuis l’Antiquité principalement sur la femme tout juste décédée. D’après la légende, Jules César serait né par césarienne. Pline l’Ancien dit : «que le premier des Césars doit son nom au fait qu’il fut extrait par incision du sein de sa mère ». Or la mère de Jules César survécut à cette intervention, mit au monde trois autres enfants et vécut très âgée. Il est possible que l’origine du nom n’ait rien à voir avec Jules César mais avec le participe passé caesus du verbe latin caedere qui signifie couper.
La Lex Regia de Numa Pompilius impose la césarienne post-mortem et l’église catholique va aller dans le même sens essayer de parvenir à baptiser l’enfant . Les enfants nés par césarienne d’une mère décédée étaient consacrés à Apollon dans la Rome antique.
Les médecins du Talmud pratiquaient également des césariennes dans les cas de mort subite de la parturiente. Il est écrit dans le traité Arahin: « si une femme meurt sur la chaise à accoucher, il est permis de se munir d’un couteau et d’inciser le ventre même le jour du shabbat afin d’en extraire l’enfant. »
Dans d’autres textes il semblerait que déjà au deuxième siècle, certains médecins pratiquaient la césarienne sur femme vivante .L’enfant extrait par voie abdominale est appelé dans le Talmud yotsé dofen (sorti par un mur autrement dit  par la paroi abdominale). Ce statut  de  yotsé dofen ne conférait pas aux nouveau-nés les avantages des premiers-nés pour l’héritage et pour la prêtrise car il fallait pour cela que l’enfant naisse par voie naturelle.
En fait ces cas correspondent  vraisemblablement à l’ extraction d’un enfant viable se trouvant en position  non pas intra-utérine  mais  abdominale. Il existait en effet de rares cas  de grossesses extra-utérines arrivant à évoluer vers le terme.
La première opération connue et réussie sur une femme vivante  remonte vers l’an 1500 par un châtreur de porcs qui la réalisa sur sa propre femme ; il réussit son intervention puisque son épouse accoucha ensuite à cinq reprises.
En 1581 François Rousset décrit  pour la première fois la technique de la césarienne sur femme vivante. (« Nouveau traité de l’enfantement caesarien qui est l’extraction de l’enfant par incision latérale du ventre et de la matrice de la femme grosse ne pouvant autrement accoucher et ce sans préjudice à la vie de l’un ni l’autre, et sans empêcher la fécondité maternelle après »)
L’opération sur femme vivante restera juste qu’au milieu du XIXe siècle  très risquée (5 opérées sur 6 y laissent leur vie).
Elle est devenue actuellement une pratique de plus en plus courante.
Le taux recommandé de césarienne par l’OMS et de 15 % ; pourtant ce taux  a actuellement atteint plus de 20 % en France, plus de 50 % en Chine et même 60 % à Shanghai. Un enfant chinois sur deux né par césarienne.
La césarienne est perçue comme étant plus efficace, moins douloureuse pour la femme et moins dangereuse même si les statistiques montrent que le risque pour la mère est trois fois plus élevé que pour un accouchement par voie naturelle. Les raisons de cet engouement actuel pour la césarienne sont multiples. En Chine, à cause de la politique de l’enfant unique, la plupart des accouchées sont des primipares dont le travail est habituellement beaucoup plus long que celui des femmes multipares. Les hôpitaux sont surchargés et les gestionnaires préfèrent opter pour une solution chirurgicale programmée qui dure une demi-heure. Il y a certainement aussi dans ce choix un aspect financier non négligeable. Enfin le corps médical souvent visé par des recours en justice préfère jouer la carte de l’hyper-sécurité et choisir la césarienne.