dimanche 11 décembre 2016

L'Algérie 1937


 En 1956, je reçus, lors de la distribution des prix, un livre de  Clément Alzonne édité en 1937 par Fernand Nathan et intitulé l’Algérie.
Dans l’introduction on retrouvait certains clichés :                  « l’Algérie, fille aînée de la France » et un peu plus loin « les habitants indigènes, dont la mentalité intime nous est encore si étrangère, quoique leur attachement à notre pays ne puisse être mis en doute, ajoutent encore au charme de cette terre de transition entre la métropole et notre domaine colonial tropical ». « La France depuis 100 ans s’est attachée à faire de cette province la plus belle de son empire. »
Il y eut une révolte en Kabylie  en 1871, peut-être favorisée par la perte de prestige de la France après la défaite de 1870. Sous le commandement de Mokrani 150 000 kabyles prirent les armes. L’armée française parvint à venir à bout de l’insurrection et l’auteur insiste sur le fait que ce fut « le dernier sursaut d’indépendance. La tranquillité n’a depuis plus cessé de régner dans l’Algérie proprement dite. »
Le centenaire de l’Algérie est brillamment et dignement célébré à la gloire de la colonisation.
Pourtant dès cette époque certains anticipent les problèmes futurs. « Des efforts ont été faits pour assimiler les indigènes. Notre empire africain a été doté de routes, de chemins de fer, de tramways, de bureaux de poste et de télégraphes ; on a répandu de nouvelles cultures et de nouvelles méthodes agricoles, établi des hôpitaux ou des dispensaires. Les indigènes sont-ils plus près de nous qu’au début de la conquête et peut-on dire qu’ils se considèrent comme les fidèles sujets de la France et à jamais ? » «  Il serait fou de croire que les populations musulmanes se sont assimilées ou simplement rapprochées de nous et qu’il y a entre elles et nous, intelligence, estime, amitié, seuls liens durables. »
« L’ œuvre d’assimilation de 6 millions d’Algériens sera plus longue que ne le fut la conquête. Mais la France ne serait pas la France si elle ne désirait pas avant tout faire de l’Algérie une province française. »
La tranquillité totale rétablie en Algérie depuis 1871, évoquée en 1937 par  l’auteur, a été troublée par quelques soulèvements comme les  émeutes  antijuives de Constantine d’Août 1934, véritable pogrom ,où périrent 25 juifs et 3 musulmans.  Quelques années plus tard ,les émeutes nationalistes de Sétif en mai 45 firent une centaine de victimes européennes et plus de 5000 victimes musulmanes.
En 1830 le chef du Foreign Office avait dit à l’ambassadeur de France : « je vous félicite pour l’heureux débarquement de l’armée française a Sidi-Ferruch, mais je vous féliciterai bien plus cordialement à son retour »
Le livre se termine par ces mots : « Ces félicitations n’ont jamais été présentées à la France par l’Angleterre ; l’armée française n’est jamais revenue. Pour qu’elle revienne un jour et qu’il n’y ait plus d’Algérie française ,il faudrait qu’il n’y eût pas plus de France ! »
En 1962 , un quart de siècle après  la parution de ce livre, la France mit fin, après huit ans de guerre, à 130 ans de présence en Algérie et l’armée française réembarqua.

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