L'Algérie 1937
En 1956, je reçus, lors de la distribution des
prix, un livre de Clément Alzonne édité
en 1937 par Fernand Nathan et intitulé l’Algérie.
Dans l’introduction on retrouvait
certains clichés : «
l’Algérie, fille aînée de la France » et un peu plus loin « les habitants
indigènes, dont la mentalité intime nous est encore si étrangère, quoique leur
attachement à notre pays ne puisse être mis en doute, ajoutent encore au charme
de cette terre de transition entre la métropole et notre domaine colonial
tropical ». « La France depuis 100 ans s’est attachée à faire de cette province
la plus belle de son empire. »
Il y eut une révolte en
Kabylie en 1871, peut-être favorisée par
la perte de prestige de la France après la défaite de 1870. Sous le commandement
de Mokrani 150 000 kabyles prirent les armes. L’armée française parvint à venir
à bout de l’insurrection et l’auteur insiste sur le fait que ce fut « le
dernier sursaut d’indépendance. La tranquillité n’a depuis plus cessé de régner
dans l’Algérie proprement dite. »
Le centenaire de l’Algérie est
brillamment et dignement célébré à la gloire de la colonisation.
Pourtant dès cette époque
certains anticipent les problèmes futurs. « Des efforts ont été faits pour
assimiler les indigènes. Notre empire africain a été doté de routes, de chemins
de fer, de tramways, de bureaux de poste et de télégraphes ; on a répandu
de nouvelles cultures et de nouvelles méthodes agricoles, établi des hôpitaux
ou des dispensaires. Les indigènes sont-ils plus près de nous qu’au début de la
conquête et peut-on dire qu’ils se considèrent comme les fidèles sujets de
la France et à jamais ? » « Il serait fou de croire que les
populations musulmanes se sont assimilées ou simplement rapprochées de nous et
qu’il y a entre elles et nous, intelligence, estime, amitié, seuls liens
durables. »
« L’ œuvre d’assimilation de
6 millions d’Algériens sera plus longue que ne le fut la conquête. Mais la
France ne serait pas la France si elle ne désirait pas avant tout faire de
l’Algérie une province française. »
La tranquillité totale
rétablie en Algérie depuis 1871, évoquée en 1937 par l’auteur, a été troublée par quelques
soulèvements comme les émeutes antijuives de Constantine d’Août 1934,
véritable pogrom ,où périrent 25 juifs et 3 musulmans. Quelques années plus tard ,les émeutes
nationalistes de Sétif en mai 45 firent une centaine de victimes européennes et
plus de 5000 victimes musulmanes.
En 1830 le chef du Foreign
Office avait dit à l’ambassadeur de France : « je vous félicite pour l’heureux
débarquement de l’armée française a Sidi-Ferruch, mais je vous féliciterai bien
plus cordialement à son retour »
Le livre se termine par ces
mots : « Ces félicitations n’ont jamais été présentées à la France par
l’Angleterre ; l’armée française n’est jamais revenue. Pour qu’elle revienne
un jour et qu’il n’y ait plus d’Algérie française ,il faudrait qu’il n’y eût
pas plus de France ! »
En 1962 , un quart de siècle
après la parution de ce livre, la France
mit fin, après huit ans de guerre, à 130 ans de présence en Algérie et l’armée
française réembarqua.
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