La Césarienne depuis l'antiquité
Histoire de la Césarienne JP Derrida
La Césarienne est une
intervention pratiquée depuis l’Antiquité principalement sur la femme tout
juste décédée. D’après la légende, Jules César serait né par césarienne. Pline
l’Ancien dit : «que le premier des Césars doit son nom au fait qu’il fut
extrait par incision du sein de sa mère ». Or la mère de Jules César survécut à
cette intervention, mit au monde trois autres enfants et vécut très âgée. Il
est possible que l’origine du nom n’ait rien à voir avec Jules César mais avec
le participe passé caesus du verbe latin caedere qui signifie couper.
La Lex Regia de Numa
Pompilius impose la césarienne post-mortem et l’église catholique va aller dans
le même sens essayer de parvenir à baptiser l’enfant . Les enfants nés par
césarienne d’une mère décédée étaient consacrés à Apollon dans la Rome antique.
Les médecins du Talmud
pratiquaient également des césariennes dans les cas de mort subite de la
parturiente. Il est écrit dans le traité Arahin: « si une femme meurt sur la
chaise à accoucher, il est permis de se munir d’un couteau et d’inciser le
ventre même le jour du shabbat afin d’en extraire l’enfant. »
Dans d’autres textes il
semblerait que déjà au deuxième siècle, certains médecins pratiquaient la
césarienne sur femme vivante .L’enfant extrait par voie abdominale est appelé
dans le Talmud yotsé dofen (sorti par un mur autrement dit par la paroi abdominale). Ce statut de
yotsé dofen ne conférait pas aux nouveau-nés les avantages des
premiers-nés pour l’héritage et pour la prêtrise car il fallait pour cela que
l’enfant naisse par voie naturelle.
En fait ces cas correspondent
vraisemblablement à l’ extraction d’un
enfant viable se trouvant en position
non pas intra-utérine mais abdominale. Il existait en effet de rares
cas de grossesses extra-utérines
arrivant à évoluer vers le terme.
La première opération connue
et réussie sur une femme vivante remonte
vers l’an 1500 par un châtreur de porcs qui la réalisa sur sa propre
femme ; il réussit son intervention puisque son épouse accoucha ensuite à
cinq reprises.
En 1581 François Rousset
décrit pour la première fois la
technique de la césarienne sur femme vivante. (« Nouveau traité de
l’enfantement caesarien qui est l’extraction de l’enfant par incision latérale
du ventre et de la matrice de la femme grosse ne pouvant autrement accoucher et
ce sans préjudice à la vie de l’un ni l’autre, et sans empêcher la fécondité
maternelle après »)
L’opération sur femme vivante
restera juste qu’au milieu du XIXe siècle très risquée (5 opérées sur 6 y laissent leur
vie).
Elle est devenue actuellement
une pratique de plus en plus courante.
Le taux recommandé de
césarienne par l’OMS et de 15 % ; pourtant ce taux a actuellement atteint plus de 20 % en France,
plus de 50 % en Chine et même 60 % à Shanghai. Un enfant chinois sur deux né
par césarienne.
La césarienne est perçue
comme étant plus efficace, moins douloureuse pour la femme et moins dangereuse
même si les statistiques montrent que le risque pour la mère est trois fois
plus élevé que pour un accouchement par voie naturelle. Les raisons de cet
engouement actuel pour la césarienne sont multiples. En Chine, à cause de la
politique de l’enfant unique, la plupart des accouchées sont des primipares
dont le travail est habituellement beaucoup plus long que celui des femmes
multipares. Les hôpitaux sont surchargés et les gestionnaires préfèrent opter
pour une solution chirurgicale programmée qui dure une demi-heure. Il y a
certainement aussi dans ce choix un aspect financier non négligeable. Enfin le
corps médical souvent visé par des recours en justice préfère jouer la carte de
l’hyper-sécurité et choisir la césarienne.
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