dimanche 11 décembre 2016

La Césarienne depuis l'antiquité


Histoire de la Césarienne     JP Derrida


La Césarienne est une intervention pratiquée depuis l’Antiquité principalement sur la femme tout juste décédée. D’après la légende, Jules César serait né par césarienne. Pline l’Ancien dit : «que le premier des Césars doit son nom au fait qu’il fut extrait par incision du sein de sa mère ». Or la mère de Jules César survécut à cette intervention, mit au monde trois autres enfants et vécut très âgée. Il est possible que l’origine du nom n’ait rien à voir avec Jules César mais avec le participe passé caesus du verbe latin caedere qui signifie couper.
La Lex Regia de Numa Pompilius impose la césarienne post-mortem et l’église catholique va aller dans le même sens essayer de parvenir à baptiser l’enfant . Les enfants nés par césarienne d’une mère décédée étaient consacrés à Apollon dans la Rome antique.
Les médecins du Talmud pratiquaient également des césariennes dans les cas de mort subite de la parturiente. Il est écrit dans le traité Arahin: « si une femme meurt sur la chaise à accoucher, il est permis de se munir d’un couteau et d’inciser le ventre même le jour du shabbat afin d’en extraire l’enfant. »
Dans d’autres textes il semblerait que déjà au deuxième siècle, certains médecins pratiquaient la césarienne sur femme vivante .L’enfant extrait par voie abdominale est appelé dans le Talmud yotsé dofen (sorti par un mur autrement dit  par la paroi abdominale). Ce statut  de  yotsé dofen ne conférait pas aux nouveau-nés les avantages des premiers-nés pour l’héritage et pour la prêtrise car il fallait pour cela que l’enfant naisse par voie naturelle.
En fait ces cas correspondent  vraisemblablement à l’ extraction d’un enfant viable se trouvant en position  non pas intra-utérine  mais  abdominale. Il existait en effet de rares cas  de grossesses extra-utérines arrivant à évoluer vers le terme.
La première opération connue et réussie sur une femme vivante  remonte vers l’an 1500 par un châtreur de porcs qui la réalisa sur sa propre femme ; il réussit son intervention puisque son épouse accoucha ensuite à cinq reprises.
En 1581 François Rousset décrit  pour la première fois la technique de la césarienne sur femme vivante. (« Nouveau traité de l’enfantement caesarien qui est l’extraction de l’enfant par incision latérale du ventre et de la matrice de la femme grosse ne pouvant autrement accoucher et ce sans préjudice à la vie de l’un ni l’autre, et sans empêcher la fécondité maternelle après »)
L’opération sur femme vivante restera juste qu’au milieu du XIXe siècle  très risquée (5 opérées sur 6 y laissent leur vie).
Elle est devenue actuellement une pratique de plus en plus courante.
Le taux recommandé de césarienne par l’OMS et de 15 % ; pourtant ce taux  a actuellement atteint plus de 20 % en France, plus de 50 % en Chine et même 60 % à Shanghai. Un enfant chinois sur deux né par césarienne.
La césarienne est perçue comme étant plus efficace, moins douloureuse pour la femme et moins dangereuse même si les statistiques montrent que le risque pour la mère est trois fois plus élevé que pour un accouchement par voie naturelle. Les raisons de cet engouement actuel pour la césarienne sont multiples. En Chine, à cause de la politique de l’enfant unique, la plupart des accouchées sont des primipares dont le travail est habituellement beaucoup plus long que celui des femmes multipares. Les hôpitaux sont surchargés et les gestionnaires préfèrent opter pour une solution chirurgicale programmée qui dure une demi-heure. Il y a certainement aussi dans ce choix un aspect financier non négligeable. Enfin le corps médical souvent visé par des recours en justice préfère jouer la carte de l’hyper-sécurité et choisir la césarienne.


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