A partir de 1936 le Fascisme italien devint officiellement antisémite
Ce n’est qu’à partir de 1936 que le
Fascisme italien devint officiellement antisémite
Avant la prise du pouvoir par Mussolini, les Juifs d’Italie
étaient l’une des communautés les mieux intégrées d’Europe. Lors de
l’unification italienne, en 1861, l’Etat fut fondé sur la laïcité permettant
l’intégration de toutes les communautés.
En août 1934 Mussolini
confia à la presse : « Le national-socialisme en Allemagne représente
la barbarie sauvage et ce serait la fin de notre civilisation européenne si ce
pays d’assassins et de pédérastes devait submerger le continent. » .
L’antisémitisme semble initialement
absent du fascisme. Ainsi, en 1929, dans un discours, le Duce affirma que les
juifs étaient les plus romains des Italiens. En 1932, conversant avec
l’écrivain et journaliste Ludwig, il réaffirma qu’il n’existait pas
d’antisémitisme en Italie : « Il n’y a plus de races à l’état
pur. Je ne crois pas qu’on puisse apporter la preuve biologique qu’une race est
plus ou moins pure, plus ou moins supérieure. »
L’attitude du pouvoir fasciste vis-à-vis des Juifs changea à
partir de 1936.
Mussolini et Hitler instaurèrent un axe Rome-Berlin en 1936 mais
il semblerait que les mesures antisémites en Italie ne furent pas prises sous la pression des Allemands.
La guerre d’Éthiopie, en 1935-1936, marqua une première étape
dans la mesure où elle introduisit la notion de race inférieure pour
justifier la conquête . En avril 1937, une loi contre le métissage fut
édictée .
Mussolini, voulut accélérer la transformation totalitaire de la
société, c’est-à-dire créer l’ homme nouveau qui ferait des Italiens
un peuple discipliné, compact et solidaire. Il fallait régénérer la race et
inventer le personnage du Juif anti-Italien .
Le 14 juillet 1938, le Giornale d’Italia publia un article
intitulé « Le fascisme et les problèmes de la race ». On pouvait y lire :
« Les races humaines existent ; il y a des races inférieures et
supérieures ; le concept de race est purement biologique ; la
population italienne est d’origine aryenne ; il est temps que les Italiens
se déclarent franchement racistes ; les Juifs n’appartiennent pas à la
race italienne. »
Le 22 août, un recensement spécial des Juifs fut ordonné. Le 7
septembre, les Juifs étrangers furent contraints de quitter le pays. Le 17
novembre fut publié un décret-loi visant les juifs nationaux. Des critères à la
fois biologiques et religieux furent établis pour définir le Juif. Une série
d’interdictions frappa la communauté juive : mariages avec des
« aryens », service militaire, professions en rapport avec la
Défense, emplois dans les administrations publiques .
En septembre 1940, le journal Libro et Moschetto publia une
caricature dont la légende était : « Comment nous nous souviendrons
du Juif en l’an 2000 ! » Elle représentait un Juif, au nez crochu,
enfermé dans un bocal de formol. Sur ce bocal était apposé l’étiquette :
« fetus judeum, fac-similé d’une sale race ayant vécu jusqu’en 1940 et
exterminée ensuite par des hommes de génie. »
La politique antisémite de persécution ne visait cependant pas
l’extermination des Juifs. D’ailleurs, les autorités italiennes dans leurs
zones d’occupation du sud-est de la France et en Croatie protégèrent non
seulement les Juifs nationaux mais aussi les Juifs étrangers.
Une nouvelle évolution se produisit à partir de 1943, sous la
République de Salo. C’est à cette époque-là que commencèrent les déportations
des Juifs d’Italie. Ce fut d’autant plus aisé que les mesures antisémites
prises par les fascistes depuis 1938 avaient préparé le terrain aux nazis. Dès
le 16 septembre 1943, un premier convoi partit vers Auschwitz. En novembre, une
rafle envoya 1022 habitants du ghetto de Rome à Auschwitz où 90 % furent assassinés
dans les chambres à gaz.
Au total, ce sont 7 860 Juifs d’Italie qui furent exterminés,
sur une population totale de 35 200 en
1943.
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