Jérusalem Lamartine 1832
Dans son Voyage en Orient publié en 1835, Lamartine apporte un témoignage intéressant de son passage à Jérusalem en1832 .
« C’est bien là que Sion était assise ; site
bizarre et malheureux pour la capitale d’un grand peuple : c’est plutôt la
forteresse naturelle d’un petit peuple chassé de la terre, et se réfugiant avec
son temple, sur un sol que nul n’a intérêt à lui disputer ; sur des rochers
qu’aucunes routes ne peuvent rendre accessibles, dans des vallées sans eau,
dans un climat rude et stérile, n’ayant pour horizon que les montagnes
calcinées par le feu intérieur des volcans, les montagnes d’Arabie et de
Jéricho, et qu’une mer infecte, sans
rivage et sans navigation, la Mer Morte
! »
« Voilà la Judée, voilà le site de ce peuple dont
le destin est d’être proscrit à toutes les époques de son histoire, et à qui
les nations ont disputé même cette capitale de ses proscriptions, jetée, comme
un nid d’aigle, au sommet de ce groupe de montagnes : et cependant ce peuple
portait avec lui la grande idée de l’unité de Dieu, et ce qu’il y avait de
vérité dans cette idée élémentaire suffisait pour le séparer des autres
peuples, et pour le rendre fier de ses proscriptions, et confiant dans ses
doctrines providentielles. »
« Un tel pays, repeuplé d’une nation neuve et
juive, cultivé et arrosé par des mains intelligentes, fécondé par un soleil du
tropique, produisant de lui-même toutes les plantes nécessaires ou délicieuses
à l’homme, depuis la canne à sucre et la banane jusqu’à la vigne et à l’épi des
climats tempérés, jusqu’au cèdre et au sapin des Alpes ; – un tel pays, dis-je,
serait encore la terre de promission aujourd’hui, si la Providence lui rendait
un peuple, et la politique du repos et de la liberté. »