2090 Un monde sans mâle
Un monde sans mâle ou l'homme castré (Chronique des années 2090)
Pendant des
millénaires l’espèce humaine évoluait dans une société patriarcale. Les femmes
n’acquirent le droit de vote qu’en 1933 en Angleterre et en1946 en France. En France
Les femmes n’eurent le droit de posséder un carnet de chèques à leur nom qu’à
partir de 1964.
1968 fut un tournant dans notre
civilisation occidentale avec comme
slogan : il est interdit d’interdire ou
il faut jouir sans entrave.
A partir de 1972 les femmes
eurent accès à la pilule contraceptive
permettant de gérer leur fertilité. En 1978
Madame Simone Veil
fit passer une loi autorisant dans certaines conditions
l’avortement.
Au début du XXIe siècle, la pratique religieuse diminua de façon
importante dans les sociétés occidentales. Les
églises étaient vides
et peu de gens se faisaient baptiser .Le
PACS avait supplanté
le mariage et la plupart des couples étaient même tout à fait
libres. Les couples homosexuels masculins ou
féminins devinrent
de plus en plus fréquents et très visibles. Ils considéraient
qu’ils avaient le droit comme
les couples hétérosexuels d’avoir
un enfant. L’adoption n’était pas suffisante
car le couple souhaitait
un enfant ayant le même patrimoine génétique.
On s’orienta
donc vers la procréation médicalement
assistée non seulement
pour les couples stériles mais également pour
les couples
homosexuels féminins et pour
les femmes désirant avoir
un enfant sans partenaire masculin connu. Le
but n’était plus
qu’un enfant puisse avoir un père et une mère
mais que chaque
individu puisse bénéficier du
droit à un enfant. A la même
époque la recherche montra que le schéma
classique d’un capital
génétique chromosomique venant
en proportion équivalente du
père et de la mère était
dépassé et que la découverte de l’ADN
mitochondrial prouvait que la
mère avait transmettait finalement
plus de gènes que le père .
L’allaitement dans nos sociétés occidentales avait
presque
complètement disparu afin de ne pas endommager l’esthétique
du sein de la femme et la plupart des femmes préféraient
accoucher par césarienne pour
éviter de détériorer leurs organes sexuels.
En 2035 l’utérus artificiel qui
avait déjà été expérimenté avec
succès sur plusieurs modèles animaux fut
autorisé chez la femme.
Ce qui paraissait une utopie
devint une réalité. Ce moyen de
procréation initialement
réservée à des femmes ayant des difficultés
à mener à terme une grossesse, se généralisa rapidement et
en 2050 une majorité d’enfants naissait
d’utérus artificiels.
Une jeune femme se faisait prélever par voie
endoscopique quelques
ovules qui étaient congelés.
Quand cette femme décidait un de ces ovules
était fécondée dans un utérus artificiel par
le sperme de son compagnon
ou d’un inconnu. La croissance de l’embryon et
du fœtus était
parfaitement contrôlé et au
bout de neuf mois, on extrayait l’enfant
de l’utérus artificiel. Il
avait donc aucun traumatisme pour la mère,
ni aucun des symptômes désagréables de la
femme enceinte.
Parallèlement dans les années 2010, les hommes
furent de plus
en plus accusés de viol par des
associations comme Me too. Des femmes
de 70 ans attaquèrent avec
succès en justice des hommes qui les
auraient violées 50 ans plus tôt. Les
procédures devinrent de plus
en plus fréquentes pour
un viol, une proposition, un attouchement
voire même un regard. Les
hommes étaient très sévèrement réprimandés
par un avertissement la première fois, une
amende la seconde fois
et une castration la troisième
fois.
Alors il y eut en 2060 une loi
européenne révolutionnaire votée
par une majorité de femmes qui dominait à
cette époque
toute la vie politique. Il ne
fallait utiliser les hommes que pour
prolonger la vie de l’espèce.
Il fut décidé de choisir en fonction
de leur patrimoine génétique certains hommes
dont on utiliserait
le sperme pour féconder les ovules de ces
femmes. Compte tenu
de l’extrême pollution, le
sperme se détériorait avec le temps
et il fut décidé de choisir du
sperme d’hommes de moins de 30 ans.
Beaucoup de gynécologues et de
sexologues en grande partie
féminin expliquèrent que la
femme ne pouvait trouver la plénitude
de sa jouissance que dans la relation
homosexuelle. Le rapport sexuel
avec un homme était bestial et
correspondait à une époque
primitive de l’humanité. Si
vraiment certaines femmes ne pouvaient
se passer de pénétration, il y
avait des tas de moyens de les
amener à la jouissance sans
passer par un phallus d’homme.
Le fait de se passer des hommes
évitait les maladies
sexuellement transmissibles et le risque
d’avoir un cancer du col
de l’utérus dont l’incidence
devint très fréquente dans les années
2050 malgré la vaccination anti
condylomes.
On sélectionna donc des hommes de 18 à 30 ans
ayant un bon
patrimoine génétique comme donneurs de sperme.
Ces hommes s’engageaient à ne pas boire
d’alcool ,à ne pas
se droguer et à ne pas trop
s’exposer à la pollution. Ils devaient
donner leur sperme une fois tous les 15
jours avec une interdiction
absolue de gaspiller leur spemence
entre deux prélèvements.
Très vite un autre problème se
posa : que faire des autres hommes
des 18 à 30 ans non sélectionnés et des hommes
après 30 ans ?
Dans un but eugénique et dans
l’intérêt de l’humanité, lors d’une
session mémorable du Parlement
européen il fut voté en mai 2079 ,
une loi
permettant la stérilisation chirurgicale ou chimique
de tout homme non sélectionné de 18 à 30 ans
et de tout homme
après 30 ans de façon à éviter
le risque de rapports sexuels classiques.
Dans un but humanitaire un amendement fut
discuté de façon à
éviter la castration des hommes
trop âgés ne risquant pas de
féconder une femme. Après de
nombreuses discussions et afin de
ne pas provoquer trop de
mécontentement général, le parlement
décida qu’après 52 ans les hommes seraient dispensés de castration.
La sexualité féminine devint
donc uniquement homosexuelle,
Certains hommes choisis étaient des donneurs
de sperme et tous les
autres étaient castrés de façon à ne pas
importuner la gent féminine.
En 2090 une jeunes fille , récupérant dans un
grenier des archives
familiales destinées au recyclage du papier ,
trouva un petit
cahier où son trisaïeul avait écrit un livre
de poèmes dédiés
à toutes les femmes qu’il avait aimées. Elle lut
le livre, versa une
larme et le garda.
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