jeudi 20 juillet 2017

Antisémitisme et antisionisme

 Antisémitisme et antisionisme    JP Derrida

Certes la création de nouvelles colonies sur les territoires dits occupés n’a aucune justification et   n’a de plus aucun intérêt.  La puissance d’un pays se juge  sur la qualité de ses universités ,  sur le développement de sa recherche , sur sa capacité à découvrir et à innover  et non plus sur la possession de quelques arpents d’oliviers  supplémentaires. Hong Kong ou Singapour   ont pu se développer sur des territoires très restreints  et les recherches agronomiques israéliennes sur des projets d’agriculture à la verticale sont très prometteuses . 12 prix Nobel ont déjà été attribués à Israël dont 10 au cours des 20 dernières années. De nombreuses start-ups d’importance mondiale sont implantés en Israël.
 La création d’un État palestinien viable  et prospère est la seule solution  mais pour y arriver il faut avoir en face un interlocuteur valable.

 Le monde arabe est en pleine ébullition, la guerre est aux portes d’Israël avec des mouvements terroristes comme le Hamas ,le Hezbollah ou Daech. Il y a eu des centaines de milliers de victimes en Irak en Syrie et au  Yémen. Est-ce le meilleur moment pour faire des concessions indispensables mais douloureuses ? L’interlocuteur d’aujourd’hui ne sera-t-il pas renversé par des opposants plus radicaux comme cela a été déjà le cas lors de la prise du pouvoir à Gaza par le Hamas. En 1967, les responsables politiques israéliens étaient tout à fait d’accord pour rendre tous les territoires dits occupés en échange de la reconnaissance de l’État d’Israël. Les nations arabes ont répondu par les trois non  lors de la conférence de Khartoum : pas de paix avec Israël, pas de  reconnaissance d’Israël, pas de négociation avec Israël. 33 ans plus tard en 2000 , à Camp David 2,  Ehud Barak  avait proposé  à Yasser Arafat, après plusieurs mois de négociations, une solution  globale  et généreuse du problème palestinien , Jérusalem compris,  mais au dernier moment le leader palestinien refusa , craignant son opposition et ayant peur semble-t-il de se faire assassiner. Bill Clinton  reconnaîtra un peu plus tard qu’Arafat avait raté « l’opportunité de faire exister sa nation. »

Le conseil de sécurité de l’ONU qui n’est pas parvenu à obtenir un accord pour l’arrêt des bombardements en Syrie, le massacre des chrétiens en Orient ,les nombreuses victimes de guerre au Yémen a condamné la politique actuelle israélienne sans qu’aucun état  n’utilise son droit de veto.  L’ONU s’acharne sur un petit pays  de 6 millions d’habitants  si on en juge par le nombre de propositions présentées contre Israël.  Cette dernière décennie a été marquée par nombre de conflits  avec des millions de victimes, de violations de droits de l’homme ; pourtant entre 2006 et 2015 le CDH (Conseil des droits de l'homme de l’ONU) a condamné 61 fois Israël et 56 fois le reste du monde(dont 16 fois la Syrie,12 fois la Birmanie,8 fois la Corée du Nord , 5 fois l'Iran ... et 2 fois le Soudan et la Lybie).   Ban Ki-Moon le secrétaire général de l’ONU reconnaissait  que: « Malheureusement en raison du conflit israélo-palestinien, Israël est accablé par la critique ,il souffre de préjugés et parfois même de discriminations». Il reconnaissait également que  «l’ONU avait voté un volume  disproportionnel de résolutions contre Israël ».

Le philosophe Jankélévitch résumait parfaitement bien la situation lorsqu’il écrivait : « l’antisionisme est une introuvable aubaine car il nous donne la permission et même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie.  L’antisionisme est l’antisémitisme justifié mis à la portée de tous ! Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis? Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »

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