Antisémitisme et antisionisme
Antisémitisme et antisionisme JP Derrida
Certes la création de
nouvelles colonies sur les territoires dits occupés n’a aucune justification et
n’a de plus aucun intérêt. La puissance d’un pays se juge sur la qualité de ses universités , sur le développement de sa recherche , sur sa
capacité à découvrir et à innover et non
plus sur la possession de quelques arpents d’oliviers supplémentaires. Hong Kong ou Singapour ont pu se développer sur des territoires très
restreints et les recherches
agronomiques israéliennes sur des projets d’agriculture à la verticale sont
très prometteuses . 12 prix Nobel ont déjà été attribués à Israël dont 10 au
cours des 20 dernières années. De nombreuses start-ups d’importance mondiale
sont implantés en Israël.
La création d’un État palestinien viable et prospère est la seule solution mais pour y arriver il faut avoir en face un
interlocuteur valable.
Le monde arabe est en pleine ébullition, la
guerre est aux portes d’Israël avec des mouvements terroristes comme le Hamas
,le Hezbollah ou Daech. Il y a eu des centaines de milliers de victimes en Irak
en Syrie et au Yémen. Est-ce le meilleur
moment pour faire des concessions indispensables mais douloureuses ?
L’interlocuteur d’aujourd’hui ne sera-t-il pas renversé par des opposants plus
radicaux comme cela a été déjà le cas lors de la prise du pouvoir à Gaza par le
Hamas. En 1967, les responsables politiques israéliens étaient tout à fait
d’accord pour rendre tous les territoires dits occupés en échange de la
reconnaissance de l’État d’Israël. Les nations arabes ont répondu par les trois
non lors de la conférence de Khartoum :
pas de paix avec Israël, pas de
reconnaissance d’Israël, pas de négociation avec Israël. 33 ans plus
tard en 2000 , à Camp David 2, Ehud
Barak avait proposé à Yasser Arafat, après plusieurs mois de
négociations, une solution globale et généreuse du problème palestinien ,
Jérusalem compris, mais au dernier
moment le leader palestinien refusa , craignant son opposition et ayant peur
semble-t-il de se faire assassiner. Bill Clinton reconnaîtra un peu plus tard qu’Arafat avait
raté « l’opportunité de faire exister sa nation. »
Le conseil de sécurité de
l’ONU qui n’est pas parvenu à obtenir un accord pour l’arrêt des bombardements
en Syrie, le massacre des chrétiens en Orient ,les nombreuses victimes de
guerre au Yémen a condamné la politique actuelle israélienne sans qu’aucun
état n’utilise son droit de veto. L’ONU s’acharne sur un petit pays de 6 millions d’habitants si on en juge par le nombre de propositions
présentées contre Israël. Cette dernière
décennie a été marquée par nombre de conflits
avec des millions de victimes, de violations de droits de l’homme ;
pourtant entre 2006 et 2015 le CDH (Conseil des droits de l'homme de l’ONU) a condamné 61 fois Israël et 56 fois le reste
du monde(dont 16 fois la Syrie,12 fois la Birmanie,8 fois la Corée du Nord , 5 fois l'Iran ... et 2 fois le Soudan et la Lybie). Ban Ki-Moon le secrétaire
général de l’ONU reconnaissait que: « Malheureusement en raison du
conflit israélo-palestinien, Israël est accablé par la critique ,il souffre de
préjugés et parfois même de discriminations». Il reconnaissait également
que «l’ONU avait voté un volume disproportionnel de résolutions contre Israël
».
Le philosophe Jankélévitch
résumait parfaitement bien la situation lorsqu’il écrivait : «
l’antisionisme est une introuvable aubaine car il nous donne la permission et
même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie. L’antisionisme est l’antisémitisme justifié mis
à la portée de tous ! Il est la permission d’être démocratiquement
antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis? Il ne serait plus
nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »
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