中国人和犹太人
中国人和犹太人
TRADITIONS JUIVES ET CHINOISES
JP Derrida
TRADITIONS JUIVES ET CHINOISES
JP Derrida
Le peuple juif est
numériquement peu important avec seulement 14 millions de personnes et les Chinois
sont environ 100 fois plus nombreux mais ces deux peuples ont su
remarquablement préservé pendant plus de 25 siècles leur spécificité et leurs
traditions.
Il y a dans les deux cas un sentiment très fort d’identité et un
respect de la culture ancestrale avec le souci majeur de la transmission. Les
livres classiques ont été la référence en Chine et le Judaïsme est centré sur
la Bible et ses commentaires.
Trois sources de sagesse ont contribué à
structurer la pensée chinoise en s’associant plutôt qu’en s’opposant :
Laozi à l’origine du taoïsme, Bouddha et
surtout Confucius (551 – 479 avant JC) qui reste le maître le plus emblématique. Ses paroles rapportées
dans les Entretiens de Confucius(EC) nous serviront souvent de référence. A peu
près à la même époque , la pratique du judaïsme se codifiait en exil à Babylone
et un édit du roi de Perse Cyrus (538
avant JC) permettait aux juifs exilés de retourner dans leur pays.
Nous n’ envisagerons pas ici le cas de la
Communauté des Juifs chinois de Kaifeng installée en Chine à partir du neuvième
siècle après JC, donc bien après la codification des traditions juives et
chinoises. Notons cependant que cette communauté relativement isolée a vécu plus de 1000 ans
en Chine et est parvenue à la fois à préserver son identité et à faire
une étrange synthèse entre judaïsme et confucianisme.
Le Judaïsme et la sagesse
chinoise sont à l’évidence
spirituellement très éloignés mais il
existe aussi quelques convergences , que nous allons essayer de développer
et qui expliquent peut-être
la pérennité de leur message.
1 L’HEBREU ET LE CHINOIS .
LES TEXTES FONDATEURS
L’Hébreu et le Chinois font
partie non seulement des langues les plus anciennes au monde mais sont aussi deux langues qui ont aussi relativement peu évolué .Le Chinois
continue aujourd’hui à emprunter beaucoup d’expressions à la langue qu’utilisait
Confucius au 5è siècle avant JC . L’Hébreu moderne est en continuité
directe avec l’Hébreu biblique
remontant au début du 1er
millénaire avant JC. Un enfant israélien peut ainsi aujourd’hui arriver à comprendre les textes
les plus récents de la Bible comme le livre d’Esther ou le livre de Jonas sans
pratiquement avoir recours à un dictionnaire .
La culture chinoise est
essentiellement véhiculée par 9 livres classiques : Shijing ( Poésie), Yijing ( mutations ou divinations ), Liji (Rites), Chunqiu(Annales
des printemps et automnes, Première chronique historique),Shujing (Livres des
discours et des écrits),Lunyu (Sentences de Confucius),Zhong yong (L’invariable
milieu , recueil de Confucius) , Daxue (La grande Etude, recueil également de
Confucius) et Mengzi (Œuvre du philosophe confucéen Mencius).
Les lettrés,candidats aux
fonctions administratives mandarinales , devaient parfaitement connaitre le contenu
de ces livres . La langue chinoise
et ces livres classiques ont permis d’assurer la perpétuation de la
civilisation chinoise à travers des épisodes très mouvementés de son
histoire .
De façon à peu près
équivalente , la Bible et l’Hébreu ont contribué à assurer la continuité et la
fidélité du peuple juif malgré toutes les tourmentes de l’histoire.
2 CALENDRIER LUNI-SOLAIRE :
UNE ANNÉE DE 13 MOIS LUNAIRES 7 FOIS TOUS LES 19 ANS
Les calendriers traditionnels
juifs et chinois sont les seuls
calendriers luni-solaires actuellement utilisés.
Le jour et l’année sont des
unités de temps basées sur le soleil et le mois une unité de temps basée sur la
lune. Une lunaison dure 29,53 jours et l’année lunaire comporte 6 mois de 30
jours et 6 mois de 29 jours. 12 lunaisons correspondent à 354 jours et il y a
donc un décalage d’environ 11 jours
entre une année de 12 mois lunaires et une année solaire.
Or dans le calendrier
liturgique, il est très important que les fêtes correspondent aux saisons . La
Pâque juive doit toujours avoir lieu au
début du printemps, lors de la pleine lune ,le 15 du mois lunaire de Nissan (entre le 26 mars et
le 25 avril) et le nouvel an juif , le 1er du mois lunaire de Tichri au début de
l’automne (entre le 5 septembre et le 5 octobre). De la même façon le
nouvel an chinois est célébré en hiver(du 21 janvier au 20 Février) et la fête
de la lune de la mi-automne le 15è jour
du 8è mois( du 8 Septembre au 6 octobre ).
Le calendrier musulman est par contre purement lunaire avec un décalage
de 11 jours sans synchronisation des fêtes sur les saisons .
Le calendrier hébraïque et le
calendrier traditionnel chinois sont luni-solaires avec 12 mois lunaires auxquels se rajoute certaines années
un mois supplémentaire(année
embolismique) permettant de resynchroniser
les calendriers solaire et lunaire . Meton, astronome et géomètre grec
du Vè siècle avant JC, a donné son nom à ce calendrier luni-solaire mais il
était très probablement déjà connu en Chine et à Babylone. 19 années solaires correspondent
à 235 lunaisons. Un mois est
donc rajouté 7 fois sur un
cycle lunaire de 19 ans aussi bien dans le calendrier hébraïque que dans le
calendrier chinois. Le calendrier hébraïque ,
définitivement mis en forme en 359
avant JC , ajoute après le 6è mois de l’année Adar , le mois de Véadar les
3è, 6è, 8è,11è, 14è,17è et 19è années du cycle lunaire de 19 ans . Le mois
supplémentaire chinois闰月
(Run yue) s’intercale à un moment plus variable de l’année après le 3è,4è,5è,6è ou 7è mois régulier.
3 ETUDE ET TRANSMISSION
Dans les deux traditions,
l’étude et la transmission occupent une place essentielle.
Confucius fonda la première
école privée du monde . « J’offre mon enseignement à quiconque me rémunère
ne fût-ce que d’un simple cadeau de viande séchée », cadeau modeste et purement
symbolique . A cette époque , seuls les
fils de nobles avaient accès à l’instruction et Confucius transgressa ce
principe en affirmant que son enseignement s’adressait à tous sans aucune
discrimination . Confucius voulait former une élite intellectuelle sans prendre en compte l’ origine sociale.
A propos de l’enseignement
,Confucius disait : « Si vous refusez d’instruire un homme qui a
les capacités requises, vous perdez un homme mais si vous essayez d’enseigner
un homme qui n’a pas les dispositions nécessaires ,vous perdez vos
instructions. Un sage ne perd ni les hommes ni ses enseignements (EC15,8) ».
Une de ses idées
essentielles était que l’être humain était perfectible et l’étude fondamentale :
« Jamais on ne doit
cesser d’étudier » (Xunzi 1) .
« Du fils du Ciel au
simple particulier, tous s’appliquent à ce seul et unique but : perfectionner leur propre personne »
(Daxue 1a)
« Le vrai savoir,
c’est de reconnaître qu’on sait ce qu’on sait et qu’on ne sait pas ce qu’on ne
sait pas ».( EC 2,17) . Socrate dira quelques décennies plus tard à
peu près la même chose : « Celui
qui sait qu’il ne sait pas, sait plus que celui qui croit savoir . »
Chen Ziqin demanda au fils
de Confucius si son père lui avait donné un
enseignement particulier . « Non, répondit-il . Une
fois, comme je traversais discrètement la cour, il me demanda si j’avais étudié
les Poèmes et me dit que sans étudier les Poèmes , je ne saurais jamais
m’exprimer. Une autre fois , comme je traversais discrètement la cour , il me
demanda si j’avais étudié les Rites et me dit que sans étudier les Rites , je
ne saurais jamais me tenir. Tels sont les 2 enseignements qu’il m’a
donnés ». Chen Ziquin se retira et dit tout joyeux : «
J’ai demandé une chose et j’en ai appris trois. J’ai appris quelque chose sur
les Poèmes, j’ai appris quelque chose sur les Rites et j’ai appris qu’un
honnête homme garde ses distances avec son fils » . (EC 16,13)
L’enseignement des enfants
occupe également une place essentielle dans le judaïsme. « Tu enseigneras
la Torah à tes enfants et aux enfants de tes enfants ». (Deutéronome4,9) .
La priorité de l’enseignement est tel que dans
le Talmud ( Chabath 119,b) il est dit que « le monde n’existe qu’à travers le
souffle des écoliers » et que « nous n’avons pas le droit de suspendre
leur instruction , fût-ce pour reconstruire le temple ». Initialement c’était le père qui était tenu
de s’occuper de l’instruction de ses enfants mais l’orphelin risquait alors de ne bénéficier d’aucun
enseignement .Josué ben Gamla proposa que des instructeurs soient nommés dans
chaque ville pour assurer l’instruction des enfants dès l’âge de six ans .
Hillel
disait : « Celui qui n’ajoute pas à ses connaissances, les
diminue. Celui qui ne cherche pas à s’instruire n’est pas digne de vivre ».(Maxime
des Pères 1,13)
4 IMPORTANCE DU RITE
Le rituel composé de gestes,
d’objets de culte, de devoirs ou d’interdits peut paraître contraignant,
surtout dans un monde qui se défait de plus en plus de la contrainte au profit
de la satisfaction individualiste. Il reste cependant évident que la transmission
d’une génération à l’autre passe beaucoup plus par le partage d’un vécu que par
l’enseignement de lois et de principes .
Confucius dégage le
rite de toute idée superstitieuse ou
intéressée et le considère comme un accomplissement de l’homme . «
L’homme de vertu est celui qui s’efforce de revenir aux rites ». «
Ne regardez, n’écoutez, ne dites rien, ne faites rien, de contraire aux
rites » . (EC 12 ,1) . « L’honnête
homme se base sur la justice, agit selon les rites, s’exprime avec modestie et
conclut de bonne foi. »(EC15,18)
Il y a dans la tradition
chinoise trois types de rites fondamentaux : ceux liés à la naissance et à
la mort qui rappellent à l’homme sa condition passagère ,ceux dédiés à la terre
et au ciel qui inscrivent l’être humain dans un axe vertical entre les deux et ceux en rapport avec le culte des ancêtres
qui sont la marque la plus profonde de la culture chinoise.
Le respect des rites est
également essentiel dans le judaïsme si bien que certains considèrent que la
tradition est parfois supérieure à la loi et que la pratique religieuse est une
priorité par rapport à la connaissance précise
du dogme religieux.
5 RESPECT DES PARENTS ET DE
LA FAMILLE
Le respect dû aux parents est
dans les deux traditions primordial et prioritaire.
Dans un paragraphe des
Entretiens, le gouverneur She dit à Confucius : « Chez nous, il y a
un homme d’une droiture inflexible ; son père a volé un mouton et il l’a
dénoncé » . Confucius lui répondit : « Chez nous , nous
avons une autre conception de la droiture : le père protège son fils et le fils protège
son père. Voilà notre façon d’être droits » (EC 13,18) .La piété
filiale l’emporte donc sur le principe général . Entre ma mère et la justice ,
je choisis ma mère dira plus tard Camus.
Le devoir naturel de la
piété filiale consiste à nourrir et entretenir ses parents devenus vieux mais ne s’arrête pas là . « De nos jours,
quiconque assure la subsistance de ses parents passe pour un bon fils. Mais on
nourrit bien aussi les chiens et les chevaux ; à moins d’y mettre du
respect où donc est la différence ? » (EC 2,7) Le fils doit toujours s’inquiéter de la
situation et la santé de ses vieux parents
et certaines paroles de Confucius restent d’une étrange modernité:
« Du vivant de vos
parents, n’entreprenez pas de longs voyages ou si vous voyagez , vous devez
laisser une adresse »(EC 4,19).
« Gardez à l’esprit
l’âge de vos père et mère et que cette pensée soit à la fois votre joie et
votre inquiétude (EC 4,21) ».
« Le bon fils est
celui qui, trois ans après la mort de son père, n’a toujours pas dévié du
chemin que ce dernier lui avait tracé (EC 1,11) ».
Confucius disait aussi : «
Les délits prévus par le Code des 5 châtiments sont au nombre de 3000 mais la
faute la plus grave ,c’est de manquer de piété filiale » (Xiaojing XI).
et : « La
perfection de la piété filiale, c’est à 50 ans d’être toujours aussi
respectueux envers ses parents »
(Mengzi VI).
Il était également
essentiel de donner à ses parents une
descendance mâle afin de poursuivre le rite des ancêtres .
L’ainé bénéficiait d’un
statut particulier . Enfreindre l’
autorité de l’aîné , était considéré comme un crime contre la lignée des
ancêtres. La primogéniture était déterminante car en cas de décès du fils aîné
, c’était le fils de celui-ci et non un de ses frères qui au cours des cérémonies occupait la place la plus importante .
Dans la tradition juive le
respect des parents est une obligation religieuse majeure . « Honore ton père et ta
mère afin que tu vives longtemps » dit le 5e commandement . Le
respect des parents occupe une place essentielle dans le judaïsme. La Torah
compare l’honneur dû aux parents à la crainte que l’on doit porter à Dieu
lui-même. Il est interdit de prendre la place de son père ou de le contredire .Le fils est tenu de loger , nourrir et habiller ses parents dans
le besoin. Il doit éviter de les irriter et savoir accepter leurs remontrances.
L’honneur dû aux parents
s’étend dans les deux traditions au maître enseignant .
6 RESPECT DES MORTS ET CULTE DES ANCETRES
Le culte des ancêtres a
pour but d’inscrire l’homme dans une descendance et dans une histoire. Honorer
ses ancêtres ,c’est s’inscrire dans une continuité. « Quand les morts
sont honorés et que la mémoire des plus anciens ancêtres reste vivante, la
force du peuple atteint sa plénitude » (EC1,9)
Le grand deuil que l’on
devait observer à la mort de ses parents durait trois ans car un enfant ne
quittait pas le giron de ses parents les 3 premières années de son
existence. Confucius disait: « Les rites de deuil sont là pour
fatiguer la douleur et après arrêter » , c’est-à-dire accompagner ceux qui
partent et aider ceux qui vivent à repartir dans le mouvement de la vie . Dans
l’animisme archaïque, les défunts étaient vécus comme des entités toutes
puissantes qu’il fallait se concilier alors que la piété filiale inverse ce rapport . Les défunts dépendent
des vivants et non plus le contraire .
Lors d’une cérémonie en
l’honneur de défunts, un des disciples de Confucius demanda si les morts
avaient une existence réelle et pouvaient assister à cette cérémonie. Confucius répondit qu’ il était impossible de
savoir si les défunts étaient présents mais
que par contre il avait la conviction qu’il était très bénéfique pour les
vivants de se rassembler pour honorer un
mort.
Dans la tradition
chinoise ,le deuil durait 3 ans lorsqu’il était porté le fils pour son
père, le fils pour sa mère si elle décédait après son père, le père pour son
fils ainé, la mère pour son fils ainé , l’épouse pour son mari, la fille non
mariée pour son père et le vassal pour son suzerain .Il était de 1 an quand il
était porté le fils pour sa mère si elle
mourait avant son père , le mari pour sa femme, le neveu à la mort d’un oncle
paternel, la bru pour ses beaux-parents,
une fille mariée pour ses parents, pour un frère et pour un grand-parent
paternel. Pour les autres degrés de parenté la durée du deuil était plus courte.
Tous les 7 jours après le
décès et ceci 7 fois , des prières et des offrandes étaient faites pour
protéger l’âme du mort.
Les règles du deuil sont
également très codifiées dans le judaïsme. Elles s’appliquent à 7 catégories de
parents : le père, la mère, le frère ,la sœur, le fils, la fille et le
conjoint.
Pendant les sept jours qui suivent l’inhumation, l’endeuillé doit
respecter certains interdits et ne pas
quitter son domicile même pour vaquer à ses occupations .
Les règles de deuil deviennent ensuite moins
strictes et durent au total 30 jours , voire une année entière , dans le cas d’
enfants portant le deuil de leurs parents. Pendant cette période, il convient
de s’abstenir de toute activité réjouissante et les orphelins doivent réciter
trois fois par jour le Kaddich , prière à la mémoire de leurs parents. Une
cérémonie à la mémoire du défunt a lieu 8 jours , 1mois , dans certaines
communautés 3 mois et 11 mois après le décès .L’anniversaire du décès est ensuite
régulièrement célébré chaque année.
7 AMOUR DU PROCHAIN
Confucius insiste sur le
devoir d’humanité 仁(ren)avec en particulier de
la bienveillance et de la tolérance pour son prochain.« La bienveillance
est un élément caractéristique de l’humanité » . A la
question d’un de ses disciples lui demandant quel était le mot le plus important pour guider
toute notre vie , Confucius répondit : « la tolérance . Ce
que tu ne voudrais pas que l’on te fasse , ne l’inflige pas à autrui »(EC15,24). Il insistait beaucoup aussi sur l’importance
de la justice 义 (yi) face au pouvoir en place . A une question
sur l’attitude à avoir vis à vis de l’inimitié , Confucius conseillait de
répondre à la vertu par la vertu et à l’inimitié par la rectitude.Il ne s’agissait
donc pas de répondre au mal par le bien ni de tendre l’autre joue mais d’avoir
une attitude équilibrée.
Dans la tradition chinoise,
la réalité humaine n’est pas intrinsèque à la personne isolée mais se définit
par rapport à l’autre dans le cadre d’une association hiérarchique de deux
personnes : père/fils, frère aîné /frère cadet,
mari /femme ,souverain /sujet .Le mot frère n’existe
d’ailleurs pas en chinois. Il y a par contre un mot signifiant frère aîné哥哥(gege) et un mot pour désigner le frère cadet 弟弟(didi). Il y a quelqu’un au
dessus de nous à qui nous devons obéissance et respect et quelqu’un au-dessous
de nous à qui nous devons protection et bienveillance . L’empereur lui-même
était nommé fils du ciel et donc assujetti à l’autorité céleste .
L’amour du prochain occupe une place essentielle dans le judaïsme. Ceci est explicitement
écrit dans la Torah : « tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(Lévitique 19 / 18). Un païen alla trouver le célèbre rabbin Hillel pour
lui demander de lui enseigner toute la Torah alors qu’il ne se tenait que sur
un pied. Hillel répondit : « ce que
tu détestes pour toi, ne le fais pas à autrui ; ceci est toute la Torah,
le reste n’en est que le commentaire ».
8
LES EAUX AMERES DANS LA BIBLE ET SA VERSION CHINOISE POUR S’ASSURER DE LA
FIDELITE DE SON EPOUSE
Certains
thèmes se retrouvent avec quelques variantes dans les deux cultures comme le
cérémonial des eaux amères qui nous servira d’exemple. Une simple boisson bue lors d’un rituel très codifié permettait
dans les deux traditions de s’assurer des sentiments ou de la fidélité de son
épouse.
Au chapitre 5 du Livre des Nombres, le récit biblique se penche sur la question de la suspicion d’infidélité . L’homme était autorisé à soumettre son épouse au rituel des « eaux amères » : le grand prêtre faisait boire à l’épouse un mélange d’eau et de poussière dans lequel un parchemin contenant le nom de Dieu avait été réduit en poudre. Si l’épouse soupçonnée était coupable elle était sensée succomber mais si elle survivait à cette épreuve , elle était déclarée innocente. Le mélange d’eau, de poussière et d’encre était tout à fait inoffensif encore que ce psychodrame pouvait certainement être très éprouvant pour l’intéressée . Cet acte avait surtout pour but de redonner une chance à un couple tourmenté par la suspicion et la jalousie. Un commentaire insiste sur le fait que l’effacement du nom de Dieu était considéré comme une très grave transgression mais que pour tenter de recréer la paix entre un homme et sa femme même le nom de Dieu pouvait être effacé.
Au chapitre 5 du Livre des Nombres, le récit biblique se penche sur la question de la suspicion d’infidélité . L’homme était autorisé à soumettre son épouse au rituel des « eaux amères » : le grand prêtre faisait boire à l’épouse un mélange d’eau et de poussière dans lequel un parchemin contenant le nom de Dieu avait été réduit en poudre. Si l’épouse soupçonnée était coupable elle était sensée succomber mais si elle survivait à cette épreuve , elle était déclarée innocente. Le mélange d’eau, de poussière et d’encre était tout à fait inoffensif encore que ce psychodrame pouvait certainement être très éprouvant pour l’intéressée . Cet acte avait surtout pour but de redonner une chance à un couple tourmenté par la suspicion et la jalousie. Un commentaire insiste sur le fait que l’effacement du nom de Dieu était considéré comme une très grave transgression mais que pour tenter de recréer la paix entre un homme et sa femme même le nom de Dieu pouvait être effacé.
La
version chinoise ressemble étrangement à la précédente. Un empereur Han voulait
offrir une concubine à l’un de ses fonctionnaires zélé mais celui-ci refusa par crainte de rendre sa
femme jalouse. L’empereur convoqua l’ épouse
et lui donna le choix entre accepter cette concubine pour son mari ou boire du poison avec
l’engagement que ,si elle mourait , son mari ne pourrait pas alors prendre une
autre femme. L’épouse fit le choix de mourir et but le liquide supposé
empoisonné .La solution ne contenait en
fait que du vinaigre et l’empereur avait voulu simplement par ce moyen éprouver les sentiments de l’épouse.
9 ITINERAIRE DE VIE
Dans les 2 traditions
chinoise et juive , l’étude et la recherche de la sagesse sont essentielles
tout au long de la vie.
Confucius trace un
itinéraire de vie à ses disciples (EC 2,4) :
« -A 15 ans ma volonté
était tendue vers l’étude .
- A 30 ans j’ai pris
position.
-A 40 ans je n’éprouvais
plus d’incertitudes.
-A 50 ans je connaissais le
décret céleste. A ce stade on ne se plaint plus du ciel et on n’ accuse plus
les hommes . On ne se plaint plus de son destin. Les évènements extérieurs ne
peuvent plus nous perturber car l’homme doit être affranchi des inquiétudes, de
l’indécision et de la peur .
-A 60 ans j’avais l’oreille
à l’unisson en résonance avec le reste
du monde et tous les humains.
- A 70 ans , en suivant les
désirs de mon cœur ,je ne transgressais aucune règle car les principes
supérieurs étaient alors devenus des
habitudes ».
Dans les Maximes des Pères
(5,24) ,les étapes de la vie sont un peu moins optimistes et hélas plus
réalistes pour l’âge avancé :
« -A 5 ans on doit
commencer l’étude de la Bible
-A 10 ans on doit commencer l’étude de la Mishna
-A 13 ans ,on est soumis à
l’accomplissement des préceptes religieux
-A 15 ans on doit commencer
l’étude du Talmud
-A 18 ans l’homme doit se
marier
-A 20 ans on entre dans la
vie active
-A 30 ans, c’est l’âge de
la force
-A 40 ans celui de
l’intelligence
-A 50 ans on est apte à
donner des conseils
-A 60 ans on commence à se
faire vieux
-A 70 ans on est un
vieillard
-A 80 ans arrive la
caducité
-A 90 ans on tombe dans la
décrépitude
- A 100 ans on est comme
mort, n’appartenant plus à ce monde . »
Il semble donc exister des valeurs communes entre
les deux civilisations juive et chinoise
malgré des contacts inexistants ou tout au plus indirects et très épisodiques .
D’un côté les Chinois sont un grand
peuple majoritaire sur sa terre ,d’un autre côté les Juifs constituent un petit
peuple souvent dispersé , minoritaire et persécuté. Pourtant l’éducation, la transmission et le respect
des traditions ont permis à ces deux peuples de traverser le temps en
préservant leur identité .
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